La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), le Forfait Mobilités Durables ou encore le Plan de Mobilité Employeur, toutes ces nouvelles normes tentent d’optimiser les déplacements et la mobilité des collaborateurs au sein des entreprises. Cependant, ces notions ne sont pas toujours claires pour les entreprises, la mobilité est pourtant un enjeu clé, d’autant plus en cette période difficile à l’aube d’une nouvelle mobilité post-COVID.
L’impact de la crise sanitaire sur la mobilité des entreprises
La mobilité des entreprises a évidemment été modifiée à la suite de cette pandémie de la COVID-19, entre confinements, mise en place et pérennisation du télétravail ou encore accès à des tiers-lieux afin d’éviter les déplacements trop lointains.
Selon une enquête OMNIL[1], 6,2 millions de déplacements domicile-travail ont été effectués en Île-de-France durant l’année 2020, ces déplacements domicile-travail ont connu une réduction d’1 million de voyages en Île-de-France entre 2018 et 2020.
Cette crise sanitaire a donc conduit à une baisse de la mobilité mais également à une modification des pratiques de déplacements pour 12% des salariés en France et 20% en Ile-de-France. Les modes de déplacements privilégiés par les salariés ayant modifiés leurs habitudes sont les modes individuels tels que le véhicule personnel ou de fonction, la marche à pied et le vélo au dépend des transports collectifs, le principal perdant de la crise sanitaire.
La voiture sort donc renforcée de cette crise et reste le mode de déplacement privilégié par les actifs français pour se rendre au travail, avec un taux d’utilisateurs de 76% selon Alphabet France[2], soit 4 points de plus qu’en 2019. Mais il est important de noter que sur la même période les déplacements domicile-travail à vélo sont en hausse de 25% en Île-de-France et de 27% sur la France entière[3].
Pour faire face à cette situation particulière, les entreprises réorganisent donc les méthodes de travail de leurs différents collaborateurs en ayant recours au télétravail et à la visioconférence, à la distanciation des postes de travail, à l’activité partielle et à une plus grande flexibilité des horaires de travail.
De telles actions de réorganisation rendent la refonte de la politique de mobilité nécessaire, d’autant plus qu’une part importante des salariés ayant modifiés leurs habitudes sont encore indécis quant au mode de déplacement qu’ils emprunteront après la crise sanitaire. Certaines entreprises mettent en place des solutions pour faciliter le retour au travail tout en évitant la saturation du stationnement automobile. 11% des entreprises ont ainsi mis en place des solutions pour favoriser l’usage des mobilités douces comme le vélo, les trottinettes électriques[4]…
Enfin, outre les déplacements domicile-travail, les déplacements professionnels ont également été fortement impactés : 73% des déplacements des déplacements professionnels en France et 88% des déplacements à l’étranger ont été réduits[5].
Les voyageurs professionnels attendent de nouveaux process pour faciliter leurs déplacements (automatisés, sans contact), mais tendent aussi à modifier leurs pratiques de déplacements avec de nouvelles motivations à prendre en compte : économies, écologie, sécurité et autonomie.
Les parts modales des déplacements domicile-travail et professionnels
En Île-de-France, les déplacements domicile-travail sont réalisés en moyenne à 65% en transport en commun et à 11% en voiture de fonction au sein des grandes entreprises de plus de 1000 salariés. Ce constat est aussi visible pour les déplacements professionnels où les déplacements en transports en commun ou par train occupent 60%, suivi de la voiture à 25%, du véhicule de fonction à 7% et de l’avion à 5%[6].
L’analyse du consultant :
En France environ 12% des salariés ont changé leurs habitudes de déplacements durant la crise sanitaire pour aller travailler et les transports collectifs sont les principaux perdants de cette crise au dépend de la voiture individuelle (la marche et le vélo ont également gagné des parts modales mais dans une moindre mesure). Parmi les salariés qui ont changés leurs habitudes, certains reviendront à leur ancien mode, d’autres garderont leur nouvelle habitude de déplacement. Nous observons cependant que près d’1 salarié sur 2 est encore indécis quant au mode de déplacement qu’il empruntera après la crise sanitaire. C’est donc une période décisive pour les employeurs pour accompagner les salariés dans leurs choix de déplacement afin d’éviter que tous les trajets ne se fassent en véhicule individuel dans les zones urbaines les plus denses.
Le coût de la mobilité pour les entreprises
En moyenne le remboursement de l’abonnement aux transports en commun ne représente que 10% du budget mobilité pour un employeur basée à Paris ou en 1ère couronne, accueillant au moins 1000 salariés, alors qu’environ 65% des salariés en bénéficient. A l’inverse, la voiture représente plus de 60% des coûts de mobilité pour l’employeur, mais n’est utilisée que par 15% des salariés.
De même, le budget mobilité est très souvent sous-estimé par les employeurs alors qu’il est le 2ème ou 3ème poste de coût et que 30% des employeurs n’ont pas connaissance du coût total de la mobilité lié à leur activité (TCM)[7].
Les entreprises qui ont une bonne connaissance de ce TCM s’investissent plus en faveur de la mobilité et sont généralement celles qui ont mis en place au préalable un Plan de Mobilité Employeurs.
Un investissement qui n’est pas qu’économique pour l’employeur puisque la mobilité impact directement la Qualité de Vie au Travail.
1 salarié sur 2 en Île-de-France se dit impacté négativement par cette mobilité[8]. Parmi ces actifs :
- 58% évoquent la perte de temps
- 57% le stress lié à la fréquentation accrue
- 46% le manque de ponctualité
Afin d’éviter les effets indésirables d’une mobilité mal vécue par les collaborateurs, les entreprises mettent en place des solutions et/ou des services de mobilité. Le remboursement de l’abonnement aux transports en commun est statistiquement la première solution proposée par les employeurs, suivie de la mise en place de stationnement vélo et du remboursement des frais kilométriques réalisés en voiture.
Cependant, une inadéquation entre les services envisagés par les entreprises pour faciliter la mobilité et les attentes des salariés subsiste. Les salariés attendent des solutions pour réduire le coût de la mobilité et améliorer leur bien-être, les entreprises souhaitent d’abord nourrir une image responsable.
Une loi a notamment été érigée afin de répondre à cet enjeu de la mobilité au sein des entreprises.
L’analyse du consultant :
Le coût du remboursement à hauteur de 50% du l’abonnement aux transports collectifs est souvent surestimé par les employeurs, notamment lorsqu’on compare ce poste par rapport à l’avantage financier accordé aux salariés qui viennent en voiture (m2 de stationnement et voirie + coût des véhicules de fonction). Les salariés automobilistes étant par ailleurs moins nombreux à Paris et en première couronne que les salariés usagers des transports en commun. Un audit objectif du coût de la mobilité est une première étape indispensable pour améliorer la gestion de ce poste et réallouer les coûts de mobilités vers de nouvelles priorités, moins polluantes et plus efficaces.
L’impact de la LOM sur la mobilité des entreprises
La loi d’Orientation des Mobilités a pour objectif principal de réformer en profondeur le cadre général des politiques de mobilité, afin de réussir la transition écologique et énergétique des systèmes de transport, d’apporter des solutions de mobilité à tous et dans tous les territoires, et d’accélérer, tout en l’encadrant, la croissance des nouvelles mobilités.
Les entreprises ont une bonne opinion de la LOM ; cette dernière reste néanmoins une contrainte pour 6 décideurs sur 10.
Une des mesures les plus connues est le Forfait Mobilités Durables : cette mesure est une prise en charge facultative par l’employeur des frais de transports domicile-travail des salariés effectués en « mobilité douce » (ou modes actifs : vélo…) ou « alternatifs » (covoiturage, free-floating…).
45% des entreprises songent ainsi à déployer le FMD au sein de leur entreprise ou l’ont déjà employé (7%). Cette mesure est généralement déployée dans le secteur privé, avec une majorité d’entreprises intermédiaire souhaitant proposer une meilleure mobilité à leurs collaborateurs à l’aide de solutions plus douces.
L’analyse du consultant :
L’enjeu de la mobilité au sein des grandes entreprises sera de déployer le FMD, répondant aux attentes des collaborateurs, tout en déployant des processus moins contraignants pour sa gestion et son contrôle. Avant de déployer ce nouvel outil du FMD, il est nécessaire de se poser ces questions : financer qui ? pour quelles mobilités ? avec quel objectif ? quel montant ? quels résultats en attendre ?
Simuler plusieurs scenarii de déploiement permet de décider de la mise en œuvre ou non, mais également de la planifier dans le temps, d’identifier les possibilités d’un déploiement progressif, d’en comparer le coût et l’impact à d’autres outils de financements existants.
[1] Enquête OMNIL : La mobilité au temps de la Covid-19. Sept/Oct 2020
[2] Baromètre annuel Alphabet France / Ifop « Entreprises& Mobilité » – Édition mars 2021
[3] OMNIL – Enquête mobilité COVID – septembre / octobre 2020
[4] Baromètre ifop – MMA – Octobre 2020
[5] Observatoire des Déplacements Professionnels en France et à l’Etranger réalisé pour AXA Partners et Les Entreprises du Voyage – juillet & novembre 2020
[6] Données obtenues dans le cadre de Plans de mobilité
[7] Sondage clients société de conseil Ayming
[8] Baromètre annuel Alphabet France / Ifop « Entreprises& Mobilité » – Édition mars 2021